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Sound on survival, dont Philippe Elhem a chroniqué un précédent disque axé sur le blues (Américan roadwork cimp 312 in Improjazz 116) a regroupé sur ce cd trois morceaux de neuf à dix-huit minutes enregistrés à Amherst et un quatrième de quarante minutes, joué à Philadelphie. Par sa conception orientée du temps et des rôles des instruments, cette musique appartient au jazz. Peter Valsamis, certainement le plus mélodiste du trio, bat avec une incisive légèreté, selon des principes proches de ceux du bop, assurant sur les cymbales une continuité qu’il renouvelle par des roulements tendus et des points de détente sur les toms. Eneidi (cf entretien in Improjazz 122 et 123) étage des phrases plutôt courtes, elles-même découpées en éléments plus courts, dans lesquelles on reconnaît l’influence d’Ornette Coleman. Il travaille en classique, à l’intérieur du langage saxophonistique, et semble reprendre son jeu à zéro à chaque intervention. Refusant la place de soliste que la structure du groupe lui offre, il apparaît plutôt comme une émanation des autres. Jouant comme si il était seul à entendre leur musique, il intervient à des intervalles de temps très variables, au gré d’une rêverie intime. Lisle Ellis joue des notes très précises dans leur attaque, leur hauteur et leur sonorité, des notes insistantes, courtes et sans glissando. Le trio reprend librement des traditions de jeu du jazz, produisant une musique free très concentrée mais sans tension et qui ne recherche ni climax libératoire ni relâchement. Les trois musiciens installent un climat d’heureuse concentration, une exubérance calme sans forme préétablie mais dotée d’une organisation excentrique qui ne montre un peu de faiblesse que sur le défi des quarante minutes du dernier morceau, encore peut-on y voir l’esquisse de nouvelles solutions à formuler pour prolonger encore leur musique.