Avec quatre guitares électriques, Dither crée des superpositions d'accords entre Fred Frith et Monk héritiers du punk rock. Ils fonctionnent avec la précision d'un quatuor classique et la part d'improvisation pure de leur musique semble réduite à ce qu'elle est en rock, à cette différence près qu'ils sont les interprètes de partitions savantes. Musique discordante, dissonante, staccato, économe de ses mouvements. Tantôt énorme tantôt réduite à quelques notes elle définit un monde minéral et rigoureux où le plaisir se fraye de vigoureuses ouvertures. Plaisir des textures électriques avant tout, des changements d'ambiance musicale, plaisir de l'intrusion de la sauvagerie dans des sons policés, écrits, de border le silence de vacarme ou de presque rien. On les sent capables de reproduire cette musique chaque soir avec la même intensité — c'est à dire pas celle d'un improvisateur. Un exemple étonnant de ce que peut être une musique moderne créant sa forme instrumentale et empruntant sans hiérarchie aux musiques préexistantes (sauf au jazz). Une musique un peu pince sans rire : "et de ça vous en dites quoi ?", "goûtez-encore celui-ci, voulez-vous ?". Une musique très esthétique sans concession à la joliesse. Elle semble, à la manière surréaliste, viser un point fixe de subversion sans se laisser distraire d'aucune façon, musique au cordeau, sans courbes.
Translation:
With four electric guitars, Dither creates a superimposition of chords somewhere between Fred Frith and Monk, heirs to punk rock. They work with the precision of a classical quartet and the purely improvisatory side to their music seems reduced to what it is in rock music, with the added difference that they are skilled interpreters. Clashing, dissonant, staccato, sparse music. Colossal at one moment and reduced to a few notes in another, the music defines a mineral and rigorous world where pleasure opens up to vigorous overtures. Enjoyment of textures first, changing musical moods, pleasure at the savage interruption of sounds that are written and polished, to line the silence with clamorous noise or with almost nothing at all.
One feels that they are capable of reproducing this music every night with the same intensity- that is to say, not that of an improviser. An astounding example of what modern music can be in creating its own instrumental form and borrowing freely from pre-existing music (except from jazz). Music that’s a little bit deadpan: ‘and what do you have to say about that?’; ‘you want another taste of this?’. Music that is very aesthetic without conceding to prettiness. It seems, in a surrealist way, to look to a subversive fixed point without being distracted by anything, music that is straight as an arrow, without curves.